dimanche 1 mars 2009

"MAIS QU'EST CE QU'ON VA FAIRE DE TOI" Première étape.

Le long processus d’embauche mexicain, ou comment sortir d’un entretien avec un coup dans le nez (et un contrat en main)

Tout a commencé il y a très longtemps, un an peut-être, quand il a fallut choisir dans quelle fac partir au Mexique (la ibéro, la itam, l’Anahuac, le truc le bidule, le chouette)…et que j’ai choisi le « TEC de Monterrey, Campus Ciudad de Mexico » Quel drôle de nom, libellule et papillon.
Pourquoi ? Pour ne plus avoir à choisir, justement…
Oui, car il ne faut pas déconner. J’suis pas quelqu’un qui sait faire des choix. D’ailleurs, quand je mourrais, je pense qu’ils m’assigneront à l’ascenseur, entre les sous-sols terrestres et le grand ciel bleu, tant je ne saurais choisir où plier bagage. Or, Sciences-Po m’a dit « un an de stage ou un an d’université »… Mon dieu ! Où est l’option « portier d’ascenceur en uniforme » ?
Et bien je l’ai trouvée : le Tec de Monterrey, grand seigneur, me permet de faire un semestre de fac, et un semestre de stage. Tope là, j’ai vendu mon âme au Grand-père du petit Spirou (qui était portier d’ascenseur), et j’ai CHOISI la meilleure façon de ne pas choisir.
C’est une belle histoire, certes…mais le premier semestre de fac faufilant comme un long fleuve tranquille pendant que je fais la sieste sous mon gigantesque sombrero, je me retrouve en novembre à me dire « rentrée 2009, un stage. Bien… » Et puis bientôt « MAIS QU’EST-CE QU’ON VA FAIRE DE MOI ? »
Je m’agite doucement à envoyer des mails, passer des coups de fils, faire et refaire mon CV… quand vinrent les grands méchants entretiens…

FIRST ROUND : Grande entreprise de luxe française…

1ère étape : le BIG BOSS
Mon CV fut recommandé, on m’a téléphoné, donné rendez-vous le lendemain matin. OUH PATATE ! C’est que j’ai jamais passé d’entretien d’embauche moi ! Première chose : ne plus crier « OUH PATATE ». Noté. Deuxième chose, appeler Maman pour qu’elle me conseille… Mmmh.. Cette première réunion de crise se transforma rapidement en un salon de mode, webcam branchée, Maman « tu as d’autre chaussures ? » « Tu as les mains bien propres hein ? »… Oui Maman. Et si on m’offre des bonbons ou qu’on me fait des avances, je dirais non c’est promis… Et pour l’entretien, tu… non ? Tout va bien se passer ? Ah bon.
J’ai donc atterri dans une salle d’attente très chic, où je me suis d’emblée faite draguer par un inconnu « Vous êtes française, vous, ca se voit hein »
Ca veut dire quoi ça ? J’ai un morceau de saucisson coincé dans la prémolaire et je sens la vinasse ?
La secrétaire vient me chercher, le « Big boss » va vous recevoir (tu flippes hein petite française hein tu flippes)… Non ! NOOOON !
D’ailleurs ce n’est pas la peine, puisque mister the boss est plutôt sympathique, et après avoir mis quelques point sur quelques i (quelle expression idiote, il n’y a bien que le i sur lequel on puisse mettre des points, pense-je. On pourrait donc dire «mettre le points » tout court !) Mais je m’abstiens de faire partager ma découverte, et big boss passe assez vite aux POINGS. Il faut croire que mon CV est parfait, le seul élément qu’il ait relevé étant que j’ai fait de la boxe.


(Ai-je entendu quelqu’un toussoter au fond de la salle ? Non ? Bon parfait. Que personne ne relève ma légère atrophie au niveau du biceps, et je pourrais continuer calmement mon entretien d’embauche).
Et puis ca n’est pas tout à fait vrai, puisqu’il a aussi vu que j’avais été aux Chartreux en prépa, et m’a confié, une petite larme au coin de l’œil, que dans sa jeunesse, les Lazos mettaient de sacrés patate aux Chartreux pendant les compet’ de foot.)
1-0 !! C’est lui qui a dit PATATE le premier !!


Monsieur big boss me donne enfin une franche accolade et m’amène aux différents départements, pour que je voie ce que nous pourrions faire ensemble, bien entendu.


2ème étape : le BEAU GOSSE dans son carrosse

- Bonjour Monsieur !
- Bonjour, assis-toi je t’en prie ! On se tutoie hein, on a le même âge !
J’observe. Un jeune homme blond comme les prés, exception faite du gel et de la coupe d’été, dans son beau costard.
Je dois le regarder avec des yeux de merlans trop cuit, mais la ressemblance est bien trop flagrante… « C’EST TOI, JE T’AI RECONNU » Ai-je envie de crier, hurler, sauter dans la salle, puis dans ses bras. Mais, hop, je reprends mes esprits en un clin d’œil (que je n’ai pas fait), et je me souviens que monsieur ressemble a un personnage de dessin animé, et que les dessins animés n’existent pas dans la vraie vie.
Mais pour satisfaire votre curiosité, pour que vous aussi ayez envie de crier, hurler, sauter dans la salle puis dans ses bras, je vous fait partager le tableau : Monsieur ressemble à « CHARMANT » dans Shrek.
« Prince Charmant », qui se recoiffe à l’arrière du carrosse de la vieille marâtre. ABSOLUMENT !

Ah oui, c’est vrai, l’entretien, l’entretien, patate, léo, tu es en entretien.
Charmant me dit « On se tutoie, Eléonore, on a le même âge », avec un immense sourire Colgate©.
« hihi, oui, oui, hihi » rétorque-je avec mon sourire saucisson (…© ?)

Et puis Charmant se penche sur mon CV.
« … Ah. (Je sens alors la déception faire vibrer ses cordes vocales : QU’EST-CE QUE J’AI MAL FAIT ?) Bon, poursuit-il, nous n’avons vraiment le même âge »
Meeeerde !
Je pense : après le CV anonyme, pourquoi pas le CV anachronique ? Le CV intemporel ? Le CV OU ON NE VOIT PAS QUE J’AI 19 ANS, PATATE ! (ah non pas patate, pas patate, PAS PATATE !) ; évidemment, je ne dis rien.
Je me contente de plisser un peu mes yeux, misant sur mon potentielle RIDES sur le front et PATE D’OIE (je n’ai pas dit PATATE, j’ai dis PATE D’OIE), l’air sérieux, pour que ma jeunesse pré pubère passe pour une maturité sans pareille.
Et…. CA MARCHE !

Nous poursuivons donc. Enfin, Il poursuit.
« Tu as vécu à Sao Paulo ! Incroyable ! J’en viens !
Tu fais Sciences-Po ! Incroyable ! J’en rêve ! »


Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, c’est un entretien…charmant !
Et puis il faut dire que Charmant fait en sorte que ca se passe bien, en toute évidence, il a envie que je choisisse son servie plutôt que celui de la porte d’a coté. Il me vante les bonheurs de la distribution, les opportunités, le terrain, le site web, le tampon, les excursions chez la concurrence,… Il ose même me dire « tu veux commencer en février ? Parfait, j’aurais justement besoin de toi en février ».
(On se tutoie ?)
Et il nous amène, mon CV de boxeuse et moi, à la dernière étape. J’ai dit DERNIERE ? Ce n’est peut-être pas un hasard… et vous me voyez désolée d’avoir raconté la fin en plein milieu de l’histoire.


3ème : le COUP DE CROSSE

J’arrive ET JE TOMBE MAL ! On est en plein dans une réunion voyez vous, c’est le bordel en plus, il a des petits gâteaux et du thé, des gens un peu partout, des papiers qui volent, il fait trois mille degrés et on vous attendait pas mademoiselle… « Mais rentrez quand même ».
Serre les dents.
Ce n’est pas le moment d’appeler Monsieur Patate.
Inutile de détailler cet entretien là, finalement, puisque j’ai déjà dévoilé l’issue. En quelques mots, je me suis retrouvée dans un petit bordel (que j’adorais pour le simple fait que ce soit un bordel – association d’image : bordel= maison ; mais qui semblait plutôt énerver les autres).

Il a duré des heures, avec deux jolies jeunes femmes : autant dire que j’étais en terrain miné.

Ce sont les pires, et ca n’est pas une légende !
Non, enfin, gentilles… mais exigeantes. On passe du Français à l’Espagnol à l’Anglais, on me demande pourquoi, pourquoi pas, comment ce fut, cette expérience, là, quand j’avais 12 ans, et celle-ci pourquoi plutôt qu’une autre, et finalement, qu’est ce que je veux, qu’est ce qu’ils veulent,
JE VEUX ME BARRER ! JE VEUX MA MAMAN ! JE VEUX UNE CORONA ! Mais il suffit. Bientôt trois quart d’heure… et on arrive au moment crucial où mesdames m’expliquent enfin comment fonctionne leur département marketing, qui ils recherchent et pourquoi… Et puis la sous-embaucheuse me lance un grand coup d’épée-alors qu’elle s’était contentée de se taire jusqu’ici:
- tu saurais calculer un ###### ?
- oh sans doute
- bon alors mettons que l’année #### soit ### et que l’année #### soit ####, qu’est ce que ca serait ? … (Et sa copine me tends une calculette… le ciel m’est tombé sur la tête, des ### mais mon DIEU, MAIS ?MAIS C’EST BIEN CE QUE JE PENSAIS ! CE SONT DES CHIFFRES ! ELLE VIENT DAIGNER DE ME PARLER AVEC DES CHIFFRES ! MAIS DANS QUEL MONDE VIS-JE ?)


Je fais un sourire gêné.
Leurs 4 yeux me regardent, quelques sourcils se lèvent, plein d’impatience et de mépris.
- C'est-à-dire que je ne me souviens plus vraiment, cela fait longtemps, vous savez que je n’ai pas…manipulé des… (beurk) des …. (je vais vomir)… DES CHIFFRES !
Comment leur dire que je compte sur mes doigts pour toute tâche qui, en addition ou multiplication, dépasse les 10 ? Même pour compter les 7heures de décalage horaire j’ai besoin de mes doigts, orteils, et à l’occasion de ceux de mes voisins, et de leur portable si jamais ils ont mis des chaussettes?

J’avoue platement que je n’y arriverais jamais, rends la calculette et m’en vais comme une princesse au petit pois (dans le cerveau).
D’autant que si mes souvenirs sont bons, et en enterrant profond dans les entrailles de la terre mon égo, elles m’ont demandé un taux de croissance ou quelque chose comme ca.

Allez-y, tout le monde se moque ! Profitez-en ! PROFITEZ-EN !

… Bon. Je ne sais pas si les deux « jolies jeunes femmes » on fait part de ma dernière paire de secondes (ca fait deux non ?) catastrophiques à tous, mais toujours est-il que je croyais quand même au miracle et que je me suis envolée vers la France pour siffler vers la colline avec un petit bouquet d’églantines,
De là, j’ai attendu, attendu, elles ne sont jamais venues.
Et puis, un matin, une surprise dans ma boite mail, un certain Luis, Miguel, ou même Ricky Martin m’écrit – en bref quelqu’un que je ne connais pas, comme Eve et Adam finalement - m’écrit au nom de la boîte.
Il me dit combien je suis intelligente, dynamique, pleine de qualités, combien mon CV est une pièce rare qu’il faudrait mettre sous verre pour l’admirer, à quel point je sens bon la vanille, que mes yeux sont grands et félins, qu’il aimerait connaitre ma mère et m’acheter des bijoux.
Et puis il ajoute que je ne suis malheureusement pas sélectionnée pour l’emploi, pauvre enfant et merveille du Nil (ouais, merveille du Nil, ok ?), mais qu’il est à ma disposition pour faire passer mon incroyable profil à ses petits amis RH, sauf qu’il part en vacances pendant un mois. Adieu amour.

ADIEU !

Au prochain épisode, le second Round et dernier Round, ou, comment je suis partie contrat en main... tous en choeur: avec un coup ds l'nez!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Lire le blog en entier, pretty good