jeudi 19 mars 2009

Entretiens d'embauche, suite



Les entretiens d'embauche (suite); MAIS QU'EST CE QU'ON VA FAIRE DE TOI?

2nd ROUND: Grande mutltinationale qui vous veut du bien


Mon CV a été recommandé (oui encore une fois, et attendez vous à ce que soit toujours comme ça), et on me donne rendez-vous.
J’arrive en métro, évidemment je le prends dans le mauvais sens. Et evidemment je ne m’en rends pas compte avant le terminus… « Tiens c’est marrant on n’a pas croisé mon arrêt »…

Ca n’est pas tant de ma faute, c’est qu’il y a des éléments perturbateurs dans le métro – déjà évoqués précédemment- et je me pose des milliards de questions inutiles :
- Pourquoi passent-ils de la musique brésilienne ? ca me donne terriblement envie de retourner au Brésil.
Je me dis donc que c’est peut-être le gouvernement qui s’est rendu compte du pouvoir entrainant de cette musique ; qui s’est souvenu le même jour que cette ville était surpeuplée avec ses 22 millions d’habitants, et cette association d’idée l’a poussé à mettre le rythme de la samba dans les entrailles de mexico, pour qu’on ait qu’une envie : rejoindre Rio (si tu vaaas à Rio, n’oublie pas de monter la haaaaut ).
Ou pas.
- Et puis pourquoi les hommes ont-ils des tétons ?
- Pourquoi doit-on dire « aller chez le coiffeur » et pas « aller au coiffeur » ? C’est vrai, on ne va pas CHEZ le coiffeur, puisque même s’il nous masse la tête en nous racontant les derniers potins, on n’est pas assez intimes pour aller « rafraichir notre coupe » chez lui !
- Est-ce la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule ?
Je pense que c’est plutôt la poule qui fait l’œuf, disons PLUTOT, parce que, tout simplement, l’œuf peut faire la poule, mais il peut aussi faire le coq, et si l’œuf fait le coq, alors le coq ne peut plus faire l’œuf et nous sommes perdus.
C’est donc l’œuf qui fait la poule,… et non pas le coq qui se fait la poule.

MERDE J’AI RATE MON ARRET !!!

J’arrive à l’entrée – en retard- (mais ils ont peut-être connu mon père ici, ils savent que ca n’est pas de ma faute)
Ils prennent mon faux passeport en échange d’un beau collier de VISITOR, sans doute le même qu’on me mettra autour du cou quand j’irais voir mes frères et sœur à l’hospice de fous. (Oui c’était gratuit) et me disent d’aller à droite. Je vais à gauche. (Mais ils ont peut-être déjà connu ma mère ici, ils savent que ca n’est pas de ma faute). Je finis par faire le tour et arriver à droite. Comme quoi la vie est simple, on peut faire des erreurs en chemin.
On m’installe dans une grande salle de réunion. Chouette me dis-je nous allons être 10 et faire les fous et rire ! On me donne même une petite bouteille d’eau ; au cas où on s’amuse tellement qu’on décide de faire une jacuzzi-party dans la salle de réunion.
Mais comme personne n’arrive, je me cale ma bouteille d’eau dans le gosier, et j’oublie la jacuzzi party.
Accrochés aux murs, il y a des posters intéressants, qui vantent les produits pour la toilette intime de la femme.
Sympa de bon matin.
Je détourne le regard.

Mon « entreteneur » (voilà le mot que j’ai inventé pour décrire celui qui me fait passer mon entretien) arrive enfin. Il se présente et me donne sa carte.
Dans les mauvais films, mon personnage aurait très probablement fait une blague du genre «HA HA je vous donne pas la mienne, vous devez encore me la faire imprimer » qui aurait sonné la fin de l’aventure assez rapidement.
Mais je me retiens, et si je sens que je flanche, il me suffit de regarder le poster « toilette intime » juste au dessus de la tête du Monsieur.
Je n’aimerais pas avoir ma tête où il a la sienne vu l’approche marketing du produit en question.
Mais nous sommes là pour parler communication externe.

Mon entreteneur me pose plein de questions étranges sans rapport les unes avec les autres. Je me présente, et puis vient le moment où il se décide a me poser des questions POINTUES. AAAh ! Je retrousse les manches de ma chemise.
- Quelle place à notre entreprise dans le monde ?
- Ah bah c’est une grande multinationale et donc, …
- ABSOLUMENT MADEMOISELLE !
- Ah bon. Ah bah oui. C’est ca.
En quelques instants à peine, me voilà transformée en Maitre Renard, prête à toutes les excentricités pour décrire cette merveilleuse entreprise à la place si importante, aux causes si respectables, et au si beau plumage.
Mais comme je le précise très justement, devant une question qui m’y pousse, « Cette belle et grande entreprise reste tout de même une entreprise, une entreprise qui doit faire du profit, pour pouvoir payer la recherche (et mon futur salaire)… Nous (oui, « nous », déjà !) ne sommes pas là pour se faire multiplier les petits pains. D’ailleurs ca tombe plutôt bien, parce que ça ca se passe que dans les grands best-sellers ou les boulangeries.

Bref. Nous discutons.
Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, alors je parle je parle je parle. Je dois être une vraie plaie pour les entreteneurs… Et pourtant ! La fin de l’aventure arrive enfin, et Monsieur me dit combien il serait heureux que nous puissions travailler ensemble, combien ca pourrait être enrichissant pour nous deux.
(Ah oui, enrichissant combien ? euh, comment ?)
Il me raccompagne à la porte.
Je lui tends une main ferme et décidée, il l’attrape, et HOP me prend dans ses bras pour m’embrasser chaleureusement.
Et puis le meilleur moment de l’entretien arrive enfin :
«- Au fait depuis combien de temps es-tu au Mexique ?
- A peu près 7 mois.
- Et ca te plait ?
- Oui, beaucoup.
Il baisse le regard. Je vois son visage s’habiller d’une expression bien maussade, déçue, trahie, presque.
- Tu peux dire la vérité tu sais.
Et il me laisse partir à droite (mais je pars à gauche), avec l’impression amère d’être une vilaine menteuse.

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