dimanche 29 mars 2009

La vie AVANT-GOURDISTE






HABITER DANS UN APPART COMME LE MIEN AU Mexique, c’est faire face AVANT TOUT LE MONDE au problème mondial de la PENURIE D’EAU.



Installées en Janvier 2009 dans un nouvel appart, Agathe et moi avons eu quelques surprises. Premièrement : surprises par la grandeur et la beauté du lieu, meublé, beau. Surprises aussi par le cout du loyer, pas très cher.
Et bientôt…
…Surprises par l’intermittence avec laquelle fonctionnaient nos robinets. Amusées, parfois un peu énervées, mais rien de très grave, quand ceux-ci se permettaient deux heures, une après-midi, voire une journée entière de répit.
Et puis le mois de mars arriva, avec le proverbe très connu lui étant associé : au mois de mars, tu seras salasse.
Et ce qui devait arriver arriva : nous fêtons ces jours ci nos 1 MOIS DE SECHERESSE, sans la moindre allégresse.
Vivre sans eau ? Un choix pour la planète, bien sûr ! Mais alors SEULEMENT pour la planète, parce que pour nous c’est un calvaire…
Adieu la douche, même s’il fait 30 degrés dehors.
Adieu la vaisselle, même si nous avons invité 10 potes à diner.
Adieu le ménage, même si j’ai renversé 8 litres de coca par terre avant de marcher dedans avec mes claquettes sales, et de repeindre l’appart sans m’en rendre compte.
Adieu la chasse d’eau, même si… on est au Mexique.
Adieu la toilette de la femme parfaite, adieu démaquillage, adieu mains propres, adieu cheveux brillants de propreté, adieu le robinet qui coule pendant que je me lave les ratiches, ADIEU !

Et BIENVENUE CHEZ NOUS ! Modèle de vie Avant-gardiste à la pénurie d’eau qui nous attend nous et nos enfants au coin d’une rue, surtout la notre.

La population mondiale était de 6 milliards d’individus en l’an 2000 et devrait être de 8 milliards en l’an 2025. Cela signifie que la quantité d’eau douce disponible devrait chuter de 6600 à 4800 mètre cubes, une réduction de presque un tiers.

La population de ma colloc était de 2 en janvier 2009, et si le nombre d’habitants à pu varier entre 1 et 4, le chiffre ne devrait pas évoluer (à moins qu’Agathe et moi nous reproduisions, ce qui représente une impossibilité relationnelle d’autant plus grande que l’impossibilité biologique, c’est vous dire).

Autre problème majeur en matière d’eau douce : pour nourrir toute la population, la productivité agricole devra fortement augmenter.

Bien. Nous avons déjà évoque la stabilité de la population de notre colloc. Et nous n’avons pas encore de potager.En effet, la flore est assez réduite : j’ai une tulipe bleue séchée dans du papier, un faux coquelicot noué autour d’un chapeau de cow-boy, et évidemment un palmier en plastique qui sert d’ombrage à ce qui représente notre unique faune : deux tortues de moins de 10cm de diamètre chacune. (J’ai nommé Bonnie & Clyde)
(En ne comptant pas les moustiques, que nous aimerions un jour voir devenir une espèce en voie de disparition et que je ne nommerais pas si je veux rester décente).

Quant à notre alimentation en eau, pour le bien de nos organismes respectifs… et bien nous avons fait un choix très catholique : pour le moment nous avons changé l’eau en vin.

Dans le but d’inverser la tendance, il existe diverses solutions pour diminuer la consommation d’eau et d’en limiter les pertes.

Agathe et moi faisons à présent la vaisselle à quatre mains. La première verse doucement de l’eau, la seconde tiens une assiette, la troisième une autre assiette juste au niveau inférieur pour profiter de l’écoulement de l’eau de première main, et la quatrième tient un verre. Ce dernier deviendra le premier, non pas car c’est écrit dans la bible – décidemment-, sinon parce qu’il s’impose comme premier maillon du rinçage des verres qui suit celui des assiettes.

Pareil pour la cuisine. Etude de cas : vous avez acheté des haricots verts, et vous les faites cuire dans de l’EAU. Oui. C’est un investissement dans l’eau, mais une fois que les haricots sont cuits, vous n’aller pas les jeter dans une passoire dans le lavabo, NON NON !
Ne jamais jeter le bébé avec l’eau du bain, en l’occurrence, le bébé dans notre étude C’EST L’EAU DU BAIN.


Vous tenterez plutot de les récupérer un par un au dessus de la casserole dont la vapeur vous brule les mains –sales-, NON PAS AVEC UNE FOURCHETTE ! Voyons ! Un peu de jugeote ! Nous en avons peu en ces temps de vaisselle restrictive, prendre des baguettes chinoises, instrument d’utilisation moins fréquente au quotidien.

Conclusion de l'expérience: achetez des haricots verts en boite de conserve...(et vous pourrez même faire une bougie avec la boite une fois vide, parce que parfois, c'est l'électricité qui nous abandonne à notre sort)

Quant à la douche, je pense investir sous peu dans un grand saladier pour récupérer à nos pieds l’eau utilisée pour se laver afin de la verser dans la chasse d’eau.

A propos de la limitation des pertes, elle n’est pas toujours évidentes, et tout devient une question de priorités…
Voilà comment je me suis fait engueuler pour avoir remis de l’eau dans l’aquarium des tortues.

Parmi ces solutions : améliorer l’efficacité des techniques d’irrigation et surtout généraliser l’usage des méthodes les plus performantes, rénover les structures de production et de distribution d’eau potable et en construire de nouvelles, préserver les réserves, lutter contre la pollution, entre autres en assainissant les eaux usées, recycler l'eau ... Mais toutes ces mesures demanderont d'énormes investissements et seront donc coûteuses.

EN EFFET ! Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas payer de loyer ce mois-ci.
Mais comme je crains de créer un mouvement mondial de soulèvement contre mon gré, je précise : je ne veux pas que notre cas face précédent à la face du monde, il n’est pas question que les futurs victimes de la pénurie d’eau (comme je disais, cela vous attend vous et vos enfants, au coin d’une rue, et…surtout la notre) nous prennent comme exemple pour s’exempter de payer leur loyer.
Eh ! Faudrait pas non plus déconner !
J’ai décidé d’investir dans l’immobilier moi...

jeudi 19 mars 2009

Entretiens d'embauche, suite



Les entretiens d'embauche (suite); MAIS QU'EST CE QU'ON VA FAIRE DE TOI?

2nd ROUND: Grande mutltinationale qui vous veut du bien


Mon CV a été recommandé (oui encore une fois, et attendez vous à ce que soit toujours comme ça), et on me donne rendez-vous.
J’arrive en métro, évidemment je le prends dans le mauvais sens. Et evidemment je ne m’en rends pas compte avant le terminus… « Tiens c’est marrant on n’a pas croisé mon arrêt »…

Ca n’est pas tant de ma faute, c’est qu’il y a des éléments perturbateurs dans le métro – déjà évoqués précédemment- et je me pose des milliards de questions inutiles :
- Pourquoi passent-ils de la musique brésilienne ? ca me donne terriblement envie de retourner au Brésil.
Je me dis donc que c’est peut-être le gouvernement qui s’est rendu compte du pouvoir entrainant de cette musique ; qui s’est souvenu le même jour que cette ville était surpeuplée avec ses 22 millions d’habitants, et cette association d’idée l’a poussé à mettre le rythme de la samba dans les entrailles de mexico, pour qu’on ait qu’une envie : rejoindre Rio (si tu vaaas à Rio, n’oublie pas de monter la haaaaut ).
Ou pas.
- Et puis pourquoi les hommes ont-ils des tétons ?
- Pourquoi doit-on dire « aller chez le coiffeur » et pas « aller au coiffeur » ? C’est vrai, on ne va pas CHEZ le coiffeur, puisque même s’il nous masse la tête en nous racontant les derniers potins, on n’est pas assez intimes pour aller « rafraichir notre coupe » chez lui !
- Est-ce la poule qui fait l’œuf ou l’œuf qui fait la poule ?
Je pense que c’est plutôt la poule qui fait l’œuf, disons PLUTOT, parce que, tout simplement, l’œuf peut faire la poule, mais il peut aussi faire le coq, et si l’œuf fait le coq, alors le coq ne peut plus faire l’œuf et nous sommes perdus.
C’est donc l’œuf qui fait la poule,… et non pas le coq qui se fait la poule.

MERDE J’AI RATE MON ARRET !!!

J’arrive à l’entrée – en retard- (mais ils ont peut-être connu mon père ici, ils savent que ca n’est pas de ma faute)
Ils prennent mon faux passeport en échange d’un beau collier de VISITOR, sans doute le même qu’on me mettra autour du cou quand j’irais voir mes frères et sœur à l’hospice de fous. (Oui c’était gratuit) et me disent d’aller à droite. Je vais à gauche. (Mais ils ont peut-être déjà connu ma mère ici, ils savent que ca n’est pas de ma faute). Je finis par faire le tour et arriver à droite. Comme quoi la vie est simple, on peut faire des erreurs en chemin.
On m’installe dans une grande salle de réunion. Chouette me dis-je nous allons être 10 et faire les fous et rire ! On me donne même une petite bouteille d’eau ; au cas où on s’amuse tellement qu’on décide de faire une jacuzzi-party dans la salle de réunion.
Mais comme personne n’arrive, je me cale ma bouteille d’eau dans le gosier, et j’oublie la jacuzzi party.
Accrochés aux murs, il y a des posters intéressants, qui vantent les produits pour la toilette intime de la femme.
Sympa de bon matin.
Je détourne le regard.

Mon « entreteneur » (voilà le mot que j’ai inventé pour décrire celui qui me fait passer mon entretien) arrive enfin. Il se présente et me donne sa carte.
Dans les mauvais films, mon personnage aurait très probablement fait une blague du genre «HA HA je vous donne pas la mienne, vous devez encore me la faire imprimer » qui aurait sonné la fin de l’aventure assez rapidement.
Mais je me retiens, et si je sens que je flanche, il me suffit de regarder le poster « toilette intime » juste au dessus de la tête du Monsieur.
Je n’aimerais pas avoir ma tête où il a la sienne vu l’approche marketing du produit en question.
Mais nous sommes là pour parler communication externe.

Mon entreteneur me pose plein de questions étranges sans rapport les unes avec les autres. Je me présente, et puis vient le moment où il se décide a me poser des questions POINTUES. AAAh ! Je retrousse les manches de ma chemise.
- Quelle place à notre entreprise dans le monde ?
- Ah bah c’est une grande multinationale et donc, …
- ABSOLUMENT MADEMOISELLE !
- Ah bon. Ah bah oui. C’est ca.
En quelques instants à peine, me voilà transformée en Maitre Renard, prête à toutes les excentricités pour décrire cette merveilleuse entreprise à la place si importante, aux causes si respectables, et au si beau plumage.
Mais comme je le précise très justement, devant une question qui m’y pousse, « Cette belle et grande entreprise reste tout de même une entreprise, une entreprise qui doit faire du profit, pour pouvoir payer la recherche (et mon futur salaire)… Nous (oui, « nous », déjà !) ne sommes pas là pour se faire multiplier les petits pains. D’ailleurs ca tombe plutôt bien, parce que ça ca se passe que dans les grands best-sellers ou les boulangeries.

Bref. Nous discutons.
Je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre, alors je parle je parle je parle. Je dois être une vraie plaie pour les entreteneurs… Et pourtant ! La fin de l’aventure arrive enfin, et Monsieur me dit combien il serait heureux que nous puissions travailler ensemble, combien ca pourrait être enrichissant pour nous deux.
(Ah oui, enrichissant combien ? euh, comment ?)
Il me raccompagne à la porte.
Je lui tends une main ferme et décidée, il l’attrape, et HOP me prend dans ses bras pour m’embrasser chaleureusement.
Et puis le meilleur moment de l’entretien arrive enfin :
«- Au fait depuis combien de temps es-tu au Mexique ?
- A peu près 7 mois.
- Et ca te plait ?
- Oui, beaucoup.
Il baisse le regard. Je vois son visage s’habiller d’une expression bien maussade, déçue, trahie, presque.
- Tu peux dire la vérité tu sais.
Et il me laisse partir à droite (mais je pars à gauche), avec l’impression amère d’être une vilaine menteuse.

dimanche 1 mars 2009

"MAIS QU'EST CE QU'ON VA FAIRE DE TOI" Première étape.

Le long processus d’embauche mexicain, ou comment sortir d’un entretien avec un coup dans le nez (et un contrat en main)

Tout a commencé il y a très longtemps, un an peut-être, quand il a fallut choisir dans quelle fac partir au Mexique (la ibéro, la itam, l’Anahuac, le truc le bidule, le chouette)…et que j’ai choisi le « TEC de Monterrey, Campus Ciudad de Mexico » Quel drôle de nom, libellule et papillon.
Pourquoi ? Pour ne plus avoir à choisir, justement…
Oui, car il ne faut pas déconner. J’suis pas quelqu’un qui sait faire des choix. D’ailleurs, quand je mourrais, je pense qu’ils m’assigneront à l’ascenseur, entre les sous-sols terrestres et le grand ciel bleu, tant je ne saurais choisir où plier bagage. Or, Sciences-Po m’a dit « un an de stage ou un an d’université »… Mon dieu ! Où est l’option « portier d’ascenceur en uniforme » ?
Et bien je l’ai trouvée : le Tec de Monterrey, grand seigneur, me permet de faire un semestre de fac, et un semestre de stage. Tope là, j’ai vendu mon âme au Grand-père du petit Spirou (qui était portier d’ascenseur), et j’ai CHOISI la meilleure façon de ne pas choisir.
C’est une belle histoire, certes…mais le premier semestre de fac faufilant comme un long fleuve tranquille pendant que je fais la sieste sous mon gigantesque sombrero, je me retrouve en novembre à me dire « rentrée 2009, un stage. Bien… » Et puis bientôt « MAIS QU’EST-CE QU’ON VA FAIRE DE MOI ? »
Je m’agite doucement à envoyer des mails, passer des coups de fils, faire et refaire mon CV… quand vinrent les grands méchants entretiens…

FIRST ROUND : Grande entreprise de luxe française…

1ère étape : le BIG BOSS
Mon CV fut recommandé, on m’a téléphoné, donné rendez-vous le lendemain matin. OUH PATATE ! C’est que j’ai jamais passé d’entretien d’embauche moi ! Première chose : ne plus crier « OUH PATATE ». Noté. Deuxième chose, appeler Maman pour qu’elle me conseille… Mmmh.. Cette première réunion de crise se transforma rapidement en un salon de mode, webcam branchée, Maman « tu as d’autre chaussures ? » « Tu as les mains bien propres hein ? »… Oui Maman. Et si on m’offre des bonbons ou qu’on me fait des avances, je dirais non c’est promis… Et pour l’entretien, tu… non ? Tout va bien se passer ? Ah bon.
J’ai donc atterri dans une salle d’attente très chic, où je me suis d’emblée faite draguer par un inconnu « Vous êtes française, vous, ca se voit hein »
Ca veut dire quoi ça ? J’ai un morceau de saucisson coincé dans la prémolaire et je sens la vinasse ?
La secrétaire vient me chercher, le « Big boss » va vous recevoir (tu flippes hein petite française hein tu flippes)… Non ! NOOOON !
D’ailleurs ce n’est pas la peine, puisque mister the boss est plutôt sympathique, et après avoir mis quelques point sur quelques i (quelle expression idiote, il n’y a bien que le i sur lequel on puisse mettre des points, pense-je. On pourrait donc dire «mettre le points » tout court !) Mais je m’abstiens de faire partager ma découverte, et big boss passe assez vite aux POINGS. Il faut croire que mon CV est parfait, le seul élément qu’il ait relevé étant que j’ai fait de la boxe.


(Ai-je entendu quelqu’un toussoter au fond de la salle ? Non ? Bon parfait. Que personne ne relève ma légère atrophie au niveau du biceps, et je pourrais continuer calmement mon entretien d’embauche).
Et puis ca n’est pas tout à fait vrai, puisqu’il a aussi vu que j’avais été aux Chartreux en prépa, et m’a confié, une petite larme au coin de l’œil, que dans sa jeunesse, les Lazos mettaient de sacrés patate aux Chartreux pendant les compet’ de foot.)
1-0 !! C’est lui qui a dit PATATE le premier !!


Monsieur big boss me donne enfin une franche accolade et m’amène aux différents départements, pour que je voie ce que nous pourrions faire ensemble, bien entendu.


2ème étape : le BEAU GOSSE dans son carrosse

- Bonjour Monsieur !
- Bonjour, assis-toi je t’en prie ! On se tutoie hein, on a le même âge !
J’observe. Un jeune homme blond comme les prés, exception faite du gel et de la coupe d’été, dans son beau costard.
Je dois le regarder avec des yeux de merlans trop cuit, mais la ressemblance est bien trop flagrante… « C’EST TOI, JE T’AI RECONNU » Ai-je envie de crier, hurler, sauter dans la salle, puis dans ses bras. Mais, hop, je reprends mes esprits en un clin d’œil (que je n’ai pas fait), et je me souviens que monsieur ressemble a un personnage de dessin animé, et que les dessins animés n’existent pas dans la vraie vie.
Mais pour satisfaire votre curiosité, pour que vous aussi ayez envie de crier, hurler, sauter dans la salle puis dans ses bras, je vous fait partager le tableau : Monsieur ressemble à « CHARMANT » dans Shrek.
« Prince Charmant », qui se recoiffe à l’arrière du carrosse de la vieille marâtre. ABSOLUMENT !

Ah oui, c’est vrai, l’entretien, l’entretien, patate, léo, tu es en entretien.
Charmant me dit « On se tutoie, Eléonore, on a le même âge », avec un immense sourire Colgate©.
« hihi, oui, oui, hihi » rétorque-je avec mon sourire saucisson (…© ?)

Et puis Charmant se penche sur mon CV.
« … Ah. (Je sens alors la déception faire vibrer ses cordes vocales : QU’EST-CE QUE J’AI MAL FAIT ?) Bon, poursuit-il, nous n’avons vraiment le même âge »
Meeeerde !
Je pense : après le CV anonyme, pourquoi pas le CV anachronique ? Le CV intemporel ? Le CV OU ON NE VOIT PAS QUE J’AI 19 ANS, PATATE ! (ah non pas patate, pas patate, PAS PATATE !) ; évidemment, je ne dis rien.
Je me contente de plisser un peu mes yeux, misant sur mon potentielle RIDES sur le front et PATE D’OIE (je n’ai pas dit PATATE, j’ai dis PATE D’OIE), l’air sérieux, pour que ma jeunesse pré pubère passe pour une maturité sans pareille.
Et…. CA MARCHE !

Nous poursuivons donc. Enfin, Il poursuit.
« Tu as vécu à Sao Paulo ! Incroyable ! J’en viens !
Tu fais Sciences-Po ! Incroyable ! J’en rêve ! »


Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes, c’est un entretien…charmant !
Et puis il faut dire que Charmant fait en sorte que ca se passe bien, en toute évidence, il a envie que je choisisse son servie plutôt que celui de la porte d’a coté. Il me vante les bonheurs de la distribution, les opportunités, le terrain, le site web, le tampon, les excursions chez la concurrence,… Il ose même me dire « tu veux commencer en février ? Parfait, j’aurais justement besoin de toi en février ».
(On se tutoie ?)
Et il nous amène, mon CV de boxeuse et moi, à la dernière étape. J’ai dit DERNIERE ? Ce n’est peut-être pas un hasard… et vous me voyez désolée d’avoir raconté la fin en plein milieu de l’histoire.


3ème : le COUP DE CROSSE

J’arrive ET JE TOMBE MAL ! On est en plein dans une réunion voyez vous, c’est le bordel en plus, il a des petits gâteaux et du thé, des gens un peu partout, des papiers qui volent, il fait trois mille degrés et on vous attendait pas mademoiselle… « Mais rentrez quand même ».
Serre les dents.
Ce n’est pas le moment d’appeler Monsieur Patate.
Inutile de détailler cet entretien là, finalement, puisque j’ai déjà dévoilé l’issue. En quelques mots, je me suis retrouvée dans un petit bordel (que j’adorais pour le simple fait que ce soit un bordel – association d’image : bordel= maison ; mais qui semblait plutôt énerver les autres).

Il a duré des heures, avec deux jolies jeunes femmes : autant dire que j’étais en terrain miné.

Ce sont les pires, et ca n’est pas une légende !
Non, enfin, gentilles… mais exigeantes. On passe du Français à l’Espagnol à l’Anglais, on me demande pourquoi, pourquoi pas, comment ce fut, cette expérience, là, quand j’avais 12 ans, et celle-ci pourquoi plutôt qu’une autre, et finalement, qu’est ce que je veux, qu’est ce qu’ils veulent,
JE VEUX ME BARRER ! JE VEUX MA MAMAN ! JE VEUX UNE CORONA ! Mais il suffit. Bientôt trois quart d’heure… et on arrive au moment crucial où mesdames m’expliquent enfin comment fonctionne leur département marketing, qui ils recherchent et pourquoi… Et puis la sous-embaucheuse me lance un grand coup d’épée-alors qu’elle s’était contentée de se taire jusqu’ici:
- tu saurais calculer un ###### ?
- oh sans doute
- bon alors mettons que l’année #### soit ### et que l’année #### soit ####, qu’est ce que ca serait ? … (Et sa copine me tends une calculette… le ciel m’est tombé sur la tête, des ### mais mon DIEU, MAIS ?MAIS C’EST BIEN CE QUE JE PENSAIS ! CE SONT DES CHIFFRES ! ELLE VIENT DAIGNER DE ME PARLER AVEC DES CHIFFRES ! MAIS DANS QUEL MONDE VIS-JE ?)


Je fais un sourire gêné.
Leurs 4 yeux me regardent, quelques sourcils se lèvent, plein d’impatience et de mépris.
- C'est-à-dire que je ne me souviens plus vraiment, cela fait longtemps, vous savez que je n’ai pas…manipulé des… (beurk) des …. (je vais vomir)… DES CHIFFRES !
Comment leur dire que je compte sur mes doigts pour toute tâche qui, en addition ou multiplication, dépasse les 10 ? Même pour compter les 7heures de décalage horaire j’ai besoin de mes doigts, orteils, et à l’occasion de ceux de mes voisins, et de leur portable si jamais ils ont mis des chaussettes?

J’avoue platement que je n’y arriverais jamais, rends la calculette et m’en vais comme une princesse au petit pois (dans le cerveau).
D’autant que si mes souvenirs sont bons, et en enterrant profond dans les entrailles de la terre mon égo, elles m’ont demandé un taux de croissance ou quelque chose comme ca.

Allez-y, tout le monde se moque ! Profitez-en ! PROFITEZ-EN !

… Bon. Je ne sais pas si les deux « jolies jeunes femmes » on fait part de ma dernière paire de secondes (ca fait deux non ?) catastrophiques à tous, mais toujours est-il que je croyais quand même au miracle et que je me suis envolée vers la France pour siffler vers la colline avec un petit bouquet d’églantines,
De là, j’ai attendu, attendu, elles ne sont jamais venues.
Et puis, un matin, une surprise dans ma boite mail, un certain Luis, Miguel, ou même Ricky Martin m’écrit – en bref quelqu’un que je ne connais pas, comme Eve et Adam finalement - m’écrit au nom de la boîte.
Il me dit combien je suis intelligente, dynamique, pleine de qualités, combien mon CV est une pièce rare qu’il faudrait mettre sous verre pour l’admirer, à quel point je sens bon la vanille, que mes yeux sont grands et félins, qu’il aimerait connaitre ma mère et m’acheter des bijoux.
Et puis il ajoute que je ne suis malheureusement pas sélectionnée pour l’emploi, pauvre enfant et merveille du Nil (ouais, merveille du Nil, ok ?), mais qu’il est à ma disposition pour faire passer mon incroyable profil à ses petits amis RH, sauf qu’il part en vacances pendant un mois. Adieu amour.

ADIEU !

Au prochain épisode, le second Round et dernier Round, ou, comment je suis partie contrat en main... tous en choeur: avec un coup ds l'nez!