Je sourirais alors calmement et vous demanderais de ne pas me couper la parole :
Jules Renard a dit "Les absents ont toujours tort ... de revenir".
Je reviens au Mexique après l'avoir abandonné à son sort pendant 11jours... et je suis revenue!
Quand nous partions vers l'aéroport avec Claire, avec qui nous avons la folle idée de partir, et le culot de le faire, ce mercredi 29 octobre au matin, le conducteur du taxi était particulièrement bavard et curieux, sur notre pays, nos vie, la raison de nos exils...
Il a dit "vous partez aux Etats-Unis? Alors vous ne reviendrez pas, vous ne voudrez jamais revenir au Mexique" "Pourquoi? s'insurge Claire, bien sûr que si!"
Qu'est ce que fut alors New-York? Une parenthèse? Très certainement. Une parenthèse dans laquelle on aurait écrit en gras, italique et souligné, parce que, quand même, nous ne sommes pas n'importe où : nous (pause) sommes (pause) à (pause) New-York.
Certes...mais si j'insiste c'est pour le Mexique.
Certes, nous répandions dans chaque couche où nous nous arrêtions de la Tequila et le récit de ce que vous offre une vie à Mexico, et pourtant...?
Me voilà, capable, plus que jamais, à faire mon putsch ici comme il se doit. Je vous rappelle que c'est tout de même le but suprême de toute cette entreprise, et que vous le vouliez ou non, vous êtes désormais complices...et prévenus. Et comme Jules Renard et les autres prétendent: "un homme prévenu en vaut deux", alors nous voilà plutôt nombreux à soutenir ma cause! Je m'en réjouis. Pour qu'une troisième intervention française soit une réussite, il faut considérer les erreurs passées. Etant une grande amie historique de Louis Napoléon de Bonaparte, devenu Napoléon III par admiration pour Tonton et parce qu'on n'est jamais un Bonaparte au pouvoir sans devenir un Napoléon, bref, étant sa grande amie je sais ce qu'il a mal fait.
Premièrement, le frenchie s'est dit "C'est la guerre napoléon'', il faut donc y aller. Profitons du bordel qui secoue le Mexique dans les années 1860, et je vais pouvoir y installer tranquille Emile mon pote Maximilien...Tout ca pour quoi? Une petite hacienda en guise de maison de vacances? Pourquoi pas...mais surtout me faire pote avec le Pape en lui disant que là-bas, les anglo-saxons ne mettront pas leurs vilaines pattes, ca sera un empire, oui, et un empire catholique, s'il vous plait! Agissant de cette manière notre ami Napo se mettait sa femme dans sa poche, cette sainte femme, car elle était très religieuse la bougresse. L’impératrice Eugénie Montijo, de surcroit, parlait espagnol puisque elle est originaire de Grenade (et pourtant croyez moi ca n'est pas une bombe: clap clap clap quelle bonne blague)Mais nous pouvons nous arrêter là : Le sot a donc fait un première grosse bêtise: écouter sa femme.
Croyez-moi, je ne tomberais pas dans le même panneau. (Tomber dans le panneau, quelle drôle d'idée, tomber sur, trébucher sur, se prendre le, mais tomber dans? mystère, hirondelle et papillon)
Autre bêtise : croire que les futurs rois du monde, j’ai nommé les américains, allaient laisser un empereur FRANÇAIS (AH LES CHIENS !) se mêler de ce qui ne le regarde pas, nos voisins et amis de chouille, les mexicains ? Avec la moustache qu’arborait alors Napo Très, c’était d’avance griller pour lui, les américain on filé des armes aux gros, et les gros on viré Napo, PLEIN GAZ ! Au fait, on a globalement gagné un peu partout, Napo et son peuple, à part une petite taloche militaire desservie à Puebla, mais qu’importe, le gros moustachu/barbu est rentré à la maison boire du pinard, et Maximilien s’est fait exécuter à Santiago de Guanajuato, où j’étais la semaine dernière : un village superbe ! Vraiment !
Petit astérix : pour tous ceux qui ne comprennent pas mes petits dérapage avec Napoléon, je vous prie de bien vouloir aller vous renseigner en deux temps trois mouvement ici : http://www.youtube.com/watch?v=Gq_EvK8BAuw : je vous rassure c’est complètement idiot et génial.
Alors voilà. Revenons à nos moutons, pour m'actualiser un peu sur les méthodes impérialistes les plus efficaces de nos jours, rien de tel qu'un petit tour coté US en pleine période électorale. Voilà comment j'ai été à l'école pendant 11 jours chez les voisins... Et c'était incroyable! New York, la grande pomme (c'est justement comme m'appelle mon père): nous étions donc faits pour nous plaire!
Autre rencontres Harlemesque, bien que soyons peut restée à l’auberge, David M, un jeune poète et écrivain de livres de sciences-fiction pour enfant, habitant dans cette auberge par faute de moyens, hollandais, et ayant pour particularité de ressembler comme deux gouttes d’eau à Adrian Brodi, le même costume noir trop court au niveau des pieds. C’est lui ! Du coup j’ai accepté de lire ses poèmes… qui parlaient des thèmes très peu cliché de l’amour heureux et l’amour déchu, la politique qui mène au chaos, et l’envie d’ailleurs ou les corbeaux n’existent pas. Bon. N’empêche qu’il ressemblait à Adrian Brodi !
Nous sommes Vendredi, et ce vendredi n’est pas n’importe quel vendredi : c’est Halloween !Comme prévu, à partir de ce soir c’est Marianne qui nous accueille dans sa colloc, Upper East Side. Enfin qui m’accueille moi toute seule, car pour la première fois du voyage, nous déchirons notre duel avec Claire, elle va rejoindre un de ses amis avec qui elle passera la soirée, folle, je crois, dans une soirée minimale, circo loco et c’est toi le loco, nous la récupérerons que 48h après.
Quant à moi je débarque chez Marianne, son appart est très cool, elles sont trois filles dedans, et en plus il y a plein de petits fours car un apéro se prévoit ce soir même. Comme je n’ai pas eu la présence d’esprit de me ramener avec un déguisement, je vais où m’indiquent Marianne et ses collocs, au « rickys »… il est 18h, 19h peut-être, autant dire que le magasin ressemble à une aire d’autoroute au départ de la côte d’azur un 16août (dit la fille qui n’avait jamais conduit) (mais on se comprend) ; et je me cherche donc un accoutrement pour la soirée. Ce qui a de drôle dans ce magasin (et dans tous les autres), c’est le choix de costume pour fille.
Ce soir là, j’ai donc dit à Quentin que je le retrouvais. Quentin, parisien, voisin, collègue, complice de chouille, de gueule de bois, de voyage en caddie et de bulle de savon, joie de revoir sa tête d’égyptien, descendant du grand rabbin d’Alexandrie, parait-il. Chez lui, d’autres têtes blondes bien connues de Sciences-Po, et des bons cds de « électro hamburger » mixée par son colloc, qui , soit dit en passant, aime beaucoup les chiens, et d’ailleurs il y a des chiens dessinés dans la salle de bain. Oui monsieur.
Je ne devais passer que pour l’apéro, mais je passerais finalement la soirée, faisant imbécilement l’impasse sur ce qu’il se passe alors dans l’appart de Marianne, mais ainsi va la vie. Je rigole bien, et puis il y a un pirate, un curé, un Beatles-tout-seul, Bonnie sans Clyde, Miss last minute, et j’en passe des plus vertes et des moins mûres.Toujours est-il que le plus drôle de l’histoire se situe sur le chemin du retour : déjà, au lieu de marche tout droit vers le métro, comme une jeune femme m’avait contraint à le faire, je suis aller manger une pizza avec trois inconnus très sympathiques.
Oh, la boulette
Des outils?
Mac Gyver reviens, évidemment sans outils, et dit « I couldn’t find any tools ». J’ai toujours la bouche ouverte et les bras ballants… Cet homme est-il saoul ou juste complètement allumé ?
Toujours est il qu’il s’est penché sur la serrure, que je venais de triturer avec une épingle a nourrice de la taille – atypique- d’un double décimètre, et avec sa main, hop, comme ça, nonchalamment, il a retiré le morceau de clé qui obstruait la serrure. Ma bouche se bée encore plus.
Il peut alors y mettre sa clé –intacte, quelle chance- et ouvrir, tout en me laissant passer. Je suis un peu plus habile avec la seconde porte, je rentre, personne n’est là, j’enfile mon sac de couchage orange comme la limace, et entame enfin ma sieste mexicaine avec un sourire d’enfant.
Le lendemain, je me suis réveillée, ce qui a soulagé Marianne qui a cru que j’étais morte dans le canapé du salon – qui s’était replié sur moi pendant mon sommeil (ou alors je ne l’avais pas déplié ?)
Bon. J’ai donc partagé un petit dej interminable avec Marianne – de toute façon il n’u a plus d’eau chaude, et avec le froid qu’il fait, on peut bien s’éterniser avec des Corn Flakes. Nous nous sommes raconté nos vies avec une simplicité à la fois étrange et exquise ; puis on s’est bougée dans le lower east-side, vers Soho, à la recherche de beaucoup de jolies choses. Par un miracle, Claire a réapparu dans la soirée, elle me raconte ses exploits en s’engouffrant une part de pizza, je déguste.
Le lendemain, un réveil en musique. Tiens ? C’est dehors. On comprend en sortant de l’immeuble, dans la rue adjacente, des gens courent tous en file, avec un numéro sur le dos. Ca n’est pas le salon de l’agriculture qui se produit en plein air, c’est le marathon de NY. On doit le contourner, on va prendre un brunch un peu plus loin avec Marianne, Claire, Mylène et un de ses amis.
Qu’on ne se demande pas après ce brunch pourquoi j’ai philosophé pendant 15h30 sur le retour à New-York. Parce que dans le mot « dépayser » on voit bien qu’on nous enlève d’un pays, mais il y a plusieurs niveau… et là nous sommes dans un établissement français en train de manger du fromage ! C’est dimanche, et le seigneur devait être de bonne humeur, je bâfre mon brie avec un appétit dé-brie-dé.
Mais Harlem nous manque déjà et nous y retournons pour la messe gospel de 15h. Après avoir traversé la ville dans le froid saisissant, nous nous retrouvons devant une église à la porte fermée. Le Seigneur n’était peut-être pas de si bonne humeur, et même pour l’asile politique de deux jeunes filles doublement jetées hors de chez elle, d’abord de la patrie des Droits de l’Homme, puis de la patrie des Gauches de l’Homme, perdues, congelées,…nous perdons espoir : nous rentrons dans un bar. Sans faire exprès, nous rentrons dans un bar génial, le Union Black je-ne-sais-quoi, où se joue un concert de jazz dans une ambiance tamisée qui nous réchauffe les oreilles et le cœur.
Les serveurs sont géniaux, l’un d’entre eux me parle de Lyon et de son amour pour la ville (dis donc, c’est bien la première fois depuis 5 mois que je parle autant de Lyon avec des étrangers), l’autre a le visage joyeux, son regard n’est qu’un gigantesque sourire. On rit, il fait des blagues, ho ho ho, tout ca. Et puis, « comme on vient du Mexique » il nous offre un shot du Téquila, qu’on est bien obligées de boire. « Mais il est 16h là… » « Et alors ? T’arrive du Mexique ou non ? » Il s’appelle Omer (comme dans les Simpsons mais sans le H) et il est Israelien, et si vous voulez son numéro je dois pouvoir le retrouver derrière la carte du bar qu’il m’a glissée innocemment sur le comptoir avec un clin d’œil.
Pas le temps de dire ouf que nous sommes prises en charge, discutons et blablassons, nous retrouvons à une grande table dans un restaurant Argentin (qui à l’incroyable toupet de mettre à son menu du jour « RECESSION MENU »). Dîner très sympa, marrant et plein de rencontres… notre entourage nous change de notre ambiance « étudiant dégueulasse au Mexique », et c’est assez grisant.
Pour Claire ca a donné, en deux mots et trois mouvements : Une carrière étonnante, de l’argent, que du positif, un mariage, 2 enfants, une petite fatigue passagère (tiens c’est marrant elle voit aussi les cernes cette dame), et quant à la recherche interminable de l’homme idéal, et bien il arrivera au printemps ! Et son nom commencera par un J … (comme Jim, Jack, John…enfin tous les anglosaxons en sommes… ou bien Janot, Jacob, Jordy, Jean-René, José ou Joël) Et j’oubliais : elle s’installera à NY.
Quant à moi… je suis également fatiguée (qu’est ce que j’ai fais de mon anti-cerne ?), j’étais triste il y a 6 mois (juillet, le début de l’exil, pourquoi « triste » ?), et je vais avoir une nouvelle incroyable dans deux semaines, par mail ou téléphone.
L’ironie du sort a voulu que les deux semaines se soient écoulées jeudi dernier, et que ce jour là je me soit fait voler mon téléphone portable (non qu’il fut très sexy, mais il était dans ma veste en cuir qui l’était assez). Donc voilà. Je ne saurais jamais. (Moi qui pensais que les parents m’appelleraient pour m’annoncer la mort du chien, ca sera pour plus tard). Dans les jours et mois à venir, l’argent sera là, mais aura l’insolence « de ne pas se multiplier ». Dommage
Elle me conseille de laisser la politique et de préferer quelque chose de plus universitaire, d’écrire des livres.
Je voyagerais tout le reste de ma vie, et j’aurais 3 enfants merveilleux et aimants.Quant à l’homme de ma vie (tout le monde retient son souffle)… et bien… (ca me fait mal de le dire), il sera « latin ». Je souris. Enfin, je ne réagis pas. C’est bien latin, non ?
Mais non, elle veut dire « mexicain », ou autre « d’amérique latine ». Je la regarde du genre : « change tout de suite d’avis tu veux ou je ne paye pas la consult’ », mais non, elle ne change pas d’avis… un mexicain ? Mais ! J’ai promis à Grand-Père que je ne ramènerais pas un mexicain ! Et j’ai signé !
Finalement on dit bien que « l’herbe est toujours plus verte chez les voisins ».
De toute façon, elle a dit que je rencontrerais l’amour cet hiver, ce qui tombe un peu en contradiction, puisque cet hiver sera français ou ne sera pas. (ah ? Romain, Raoul, René, Roger, Robert… ou Maxime ? MAXIMILIEN ! Oui ! Le pote de Napoléon ! Voilà l’homme qu’il me faut,
Quoique je passe aussi par le Pérou, et je pourrais m’éprendre d’un coup de foudre pour un péruvien (qui sont très beaux dans les films) recouvert de poils de Lama et de plusieurs bonnets.Finalement, il aura intérêt à être coriace car je vivrais vieille, (mes rêves d’ado de finir comme Jim Morrison dans sa baignoire se fanent), et je n’ai donc pas fini de vous casser les pieds.
Sur ces belles paroles, même si Jules Renard à dit que les absents ont toujours tort de revenir, alors je lui ré-tort-que que non seulement je suis retournée au Mexique, mais qu’en plus je reviendrais en France, et que l’herbe nous parait toujours plus verte chez les voisins, jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’est du gazon en plastique.
En revenant ici j’aime autant que je peux mes après-midis au soleil, mes voyages, les rues pavées très très mal, l'accueil et l'humour des mexicains, les bâtiments tordus, les volcans au loin, enneigés, l’absurde, les karaokés et le gras des tacos. Il faut se dire plus souvent que dans le mot « découvrir » on peut aussi inclure « dévoiler quelque chose uqi a toujours été là, mais que l’habitude cachait à nos regards » (Arthur Koestler)
(Promis quand j’aurais des choses à dire je cesserais de citer des inconnus plus connus que moi.)
Chaaaat.