samedi 22 novembre 2008

Une histoire de gazon en plastique.

Jules Renard a dit "Les absents ont toujours tort"... et vous aurez raison de penser: "Merci léo, mais tu n'es pas obligé de citer Jules Renard quand tu sors un proverbe populaire."

Je sourirais alors calmement et vous demanderais de ne pas me couper la parole :

Jules Renard a dit "Les absents ont toujours tort ... de revenir".
Je reviens au Mexique après l'avoir abandonné à son sort pendant 11jours... et je suis revenue!
Quand nous partions vers l'aéroport avec Claire, avec qui nous avons la folle idée de partir, et le culot de le faire, ce mercredi 29 octobre au matin, le conducteur du taxi était particulièrement bavard et curieux, sur notre pays, nos vie, la raison de nos exils...

Il a dit "vous partez aux Etats-Unis? Alors vous ne reviendrez pas, vous ne voudrez jamais revenir au Mexique" "Pourquoi? s'insurge Claire, bien sûr que si!"
Qu'est ce que fut alors New-York? Une parenthèse? Très certainement. Une parenthèse dans laquelle on aurait écrit en gras, italique et souligné, parce que, quand même, nous ne sommes pas n'importe où : nous (pause) sommes (pause) à (pause) New-York.
Avec toute l'insolence du monde, nous sommes à (New-York). Objection de mon propre ministère de l'intérieur (qui n'échappe pas à sa condition intrinsèque de perpétuel rabat-joie cynique): "Bon bah ca va aller Léo, calme ta joie, c'est pas comme si t'avais jamais voyagé".
Certes...mais si j'insiste c'est pour le Mexique.
L'enfant capricieux, bruyant et joyeux, l'enfant beau comme la terre et dont les yeux clignent, vous laissant voir en eux la mer des caraïbes et l'infini, le soleil et le froid, les ruines de son passé sous ses pieds, mais il tient dans la main la cloche espagnole dont le bruit résonne dans les fossés qu'ont vidé le passé. L'enfant dont la maison est de tant de couleurs, qu'un soleil au zénith, qui se posterait fièrement, ambitieux, orgueilleux, devant une averse tropicale, ne pourrait reproduire dans ce pédant cliché d'arc-en-ciel, aucune d'entre elles.
Mon enfant, nous te laissons, nous te reviendrons!
(Voyez vous ca, léo, Eléonore Hamelin, (je précise mon vrai nom pour tous les non-intimes qui m'espionnent avec raison ou déraison) se prend pour la mère d'une patrie, qui peut-être n'a pas de devise nationale, ce n'est qu'un enfant après tout ; qu'un enfant de 106 682 500 habitants et d'une superficie de 1 972 550 km². Beau (gros) bébé!)
Petit topo: j'ai découvert que la traduction d'"arc-en-ciel" mot plutôt simple de compréhension en français l'est beaucoup moins en espagnol : arco iris. Alors pourquoi "iris"? En référence au végétal, peut-être "plus de 210 genres de ces iridacées et plantes à bulbes, botaniques ou horticoles", bref l'embarras du choix, le même embarras qu'inflige l'arc aux artistes et pauvres décorateurs d'intérieur. Quelle misère.
Ou alors peut-être est-ce une référence à la mythologie Grecque, Iris, messagère d’HERA (sœur et femme de zeus : c’est dégueulasse, et déesse de tous les trucs de femme au foyer). C’est Iris qui s’occupait de l’entretien, cela dit, toujours à exécuter les ordres de sa patronne, faire sa toilette, par exemple, quand Héra rentrait des enfers, la gentille Iris l’enduisait de parfums pour la purifier. Elle faisait aussi des trucs un peu plus hors-norme : elle devait être un peu coiffeuse puisqu’elle coupait « le cheveu fatal » des femmes qui allaient mourir.
Bref. Pour le moment, pas de quoi casser 4 pattes à un canard, Iris n’est qu’une souillon !Pas si vite Papillon, voilà la réponse (très forts ces grecs) : Iris est représentée le plus souvent comme une gracieuse jeune fille, dont les ailes brillent de toutes les couleurs réunies ; l’arc-en-ciel, puisque c’était notre question, n’était au fait que la trace laissée par son pied lorsqu’elle descendait de l’Olympe jusqu’à la terre porter un message.
Fort heureusement, le climat mexicain n'impose pas à ses pauvres habitants ce genre de bran...Gymnastique intellectuelle, et pour cause, ils ont pensé à tout: le climat étant tropical, quand il pleut il pleut, quand il fait beau il fait beau.
Toujours est-il que Jules Renard nous provoque, décidemment, car il est vrai que nous étions bien à New-York... Le froid de la ville, son culot de mégalomanie, son charme, pourtant et sa population, belle et de toutes les couleurs (en deux mots le symptôme benetton) ; au fait son incroyable caractère nous a fait un moment oublier le Mexique.
Certes, nous répandions dans chaque couche où nous nous arrêtions de la Tequila et le récit de ce que vous offre une vie à Mexico, et pourtant...?
Me voilà, capable, plus que jamais, à faire mon putsch ici comme il se doit. Je vous rappelle que c'est tout de même le but suprême de toute cette entreprise, et que vous le vouliez ou non, vous êtes désormais complices...et prévenus. Et comme Jules Renard et les autres prétendent: "un homme prévenu en vaut deux", alors nous voilà plutôt nombreux à soutenir ma cause! Je m'en réjouis. Pour qu'une troisième intervention française soit une réussite, il faut considérer les erreurs passées. Etant une grande amie historique de Louis Napoléon de Bonaparte, devenu Napoléon III par admiration pour Tonton et parce qu'on n'est jamais un Bonaparte au pouvoir sans devenir un Napoléon, bref, étant sa grande amie je sais ce qu'il a mal fait.


Premièrement, le frenchie s'est dit "C'est la guerre napoléon'', il faut donc y aller. Profitons du bordel qui secoue le Mexique dans les années 1860, et je vais pouvoir y installer tranquille Emile mon pote Maximilien...Tout ca pour quoi? Une petite hacienda en guise de maison de vacances? Pourquoi pas...mais surtout me faire pote avec le Pape en lui disant que là-bas, les anglo-saxons ne mettront pas leurs vilaines pattes, ca sera un empire, oui, et un empire catholique, s'il vous plait! Agissant de cette manière notre ami Napo se mettait sa femme dans sa poche, cette sainte femme, car elle était très religieuse la bougresse. L’impératrice Eugénie Montijo, de surcroit, parlait espagnol puisque elle est originaire de Grenade (et pourtant croyez moi ca n'est pas une bombe: clap clap clap quelle bonne blague)Mais nous pouvons nous arrêter là : Le sot a donc fait un première grosse bêtise: écouter sa femme.
Croyez-moi, je ne tomberais pas dans le même panneau. (Tomber dans le panneau, quelle drôle d'idée, tomber sur, trébucher sur, se prendre le, mais tomber dans? mystère, hirondelle et papillon)
Autre bêtise : croire que les futurs rois du monde, j’ai nommé les américains, allaient laisser un empereur FRANÇAIS (AH LES CHIENS !) se mêler de ce qui ne le regarde pas, nos voisins et amis de chouille, les mexicains ? Avec la moustache qu’arborait alors Napo Très, c’était d’avance griller pour lui, les américain on filé des armes aux gros, et les gros on viré Napo, PLEIN GAZ ! Au fait, on a globalement gagné un peu partout, Napo et son peuple, à part une petite taloche militaire desservie à Puebla, mais qu’importe, le gros moustachu/barbu est rentré à la maison boire du pinard, et Maximilien s’est fait exécuter à Santiago de Guanajuato, où j’étais la semaine dernière : un village superbe ! Vraiment !
On perçoit donc BIEN EVIDEMMENT les deux autres erreurs commises par Napo : il a délégué ! Il n’a pas été suffisamment fort pour assumer qu’il allait faire un putsch à lui tout seul, alors il a fait comme siiii, au faiiiit, c’était pas vraiment lui mais aussi son pote Max qui voulaient se marier là- baaas, alors vous comprenez, comme ca, entre nous, on pourrait s’arranger… NON NON et NON. Un chef c’est un chef, et Napoléon aurait du dire haut et fort : « C’est MOI le chef ! C’est Moi qui décide si c’est le grillon au cauchemar».

Petit astérix : pour tous ceux qui ne comprennent pas mes petits dérapage avec Napoléon, je vous prie de bien vouloir aller vous renseigner en deux temps trois mouvement ici : http://www.youtube.com/watch?v=Gq_EvK8BAuw : je vous rassure c’est complètement idiot et génial.
Troisième erreur : Napo a sans doute voulu bien faire en portant la moustache, mais en réalité il s’est complètement Equivoqué ! Oui messieurs ! Car au Mexique on porte FIEREMENT la moustache, grande, petite, fine, taillée ou touffue, mais jamais O grand jamais, les mexicains ne porteraient à la fois la moustache ET LE BOUC ! Duo perdant !Et Napo a perdu.
Alors voilà. Revenons à nos moutons, pour m'actualiser un peu sur les méthodes impérialistes les plus efficaces de nos jours, rien de tel qu'un petit tour coté US en pleine période électorale. Voilà comment j'ai été à l'école pendant 11 jours chez les voisins... Et c'était incroyable! New York, la grande pomme (c'est justement comme m'appelle mon père): nous étions donc faits pour nous plaire!
Les 2 premiers soirs/jours nous nous planquâmes dans Harlem, dans une auberge de jeunesse pleine de jeunes. L’endroit était une vieille maison retapée avec plein de lits superposés, quelques canapés et casiers, et surtout avec des salles de bains d’époque. Autant dire qu’il fallait faire la queue le matin pour avoir la chance de prendre une douche avant 14h.Mais c’était très sympa, des jeunes cubains tenaient l’endroit, vraiment « buena onda » comme on dit chez les mexicains.
Et puis quelques jeunes paumés, un italien de 30 piges, des verres de lunette comme des culs de bouteille, qui veut devenir architecte aux Etats-Unis mais qui n’arrive décidemment pas à se mettre à l’Anglais…
Beaucoup beaucoup de français, ou de francophone, même des lyonnois, fou, l’un d’entre eux, en me croisant dans la cuisine a même osé « dis donc tu es lyonnaise toi non ? » HORREUR ET PERDITION. « Euh oui mais…MAIS POURQUOI TU DIS CA JE T’AI RIEN FAIS MOI !? ». Ma grande peur, de toute évidence, fut qu’il n’évoque alors un « accent lyonnais ». Heureusement, il s’abstint…en revanche sa réponse n’avait rien de plus étonnant (et donc effrayant), il ne m’a pas dit que je puais le Saint-Marcelin, certes, mais il a dit « tu t’habilles comme une lyonnaise ». Entre mes dents, l’incontournable « et ta sœur » a sifflé en silence. Gros nase va, ca s’habille comment une lyonnaise, ca se met des saucissons en ceinturon ?
Oui. Donc tout ca pour dire que New-York REGORGE de français de toutes parts, et pour cause, on n’y avait pas pensé, mais c’est la Toussaint.
Autre rencontres Harlemesque, bien que soyons peut restée à l’auberge, David M, un jeune poète et écrivain de livres de sciences-fiction pour enfant, habitant dans cette auberge par faute de moyens, hollandais, et ayant pour particularité de ressembler comme deux gouttes d’eau à Adrian Brodi, le même costume noir trop court au niveau des pieds. C’est lui ! Du coup j’ai accepté de lire ses poèmes… qui parlaient des thèmes très peu cliché de l’amour heureux et l’amour déchu, la politique qui mène au chaos, et l’envie d’ailleurs ou les corbeaux n’existent pas. Bon. N’empêche qu’il ressemblait à Adrian Brodi !
Donc nous voilà à traverser la bonne humeur de Harlem dans le soleil, boire des Starbucks le matin, et traverser Central Park à pieds. Le froid est là, il nous glace mais nous enchante, nous respirons comme nous ne respirerions pas au DF.
Nous sommes Vendredi, et ce vendredi n’est pas n’importe quel vendredi : c’est Halloween !Comme prévu, à partir de ce soir c’est Marianne qui nous accueille dans sa colloc, Upper East Side. Enfin qui m’accueille moi toute seule, car pour la première fois du voyage, nous déchirons notre duel avec Claire, elle va rejoindre un de ses amis avec qui elle passera la soirée, folle, je crois, dans une soirée minimale, circo loco et c’est toi le loco, nous la récupérerons que 48h après.
Quant à moi je débarque chez Marianne, son appart est très cool, elles sont trois filles dedans, et en plus il y a plein de petits fours car un apéro se prévoit ce soir même. Comme je n’ai pas eu la présence d’esprit de me ramener avec un déguisement, je vais où m’indiquent Marianne et ses collocs, au « rickys »… il est 18h, 19h peut-être, autant dire que le magasin ressemble à une aire d’autoroute au départ de la côte d’azur un 16août (dit la fille qui n’avait jamais conduit) (mais on se comprend) ; et je me cherche donc un accoutrement pour la soirée. Ce qui a de drôle dans ce magasin (et dans tous les autres), c’est le choix de costume pour fille.
Excusez-moi, car je vais être vulgaire, mais le choix, donc, se résume à ca : pompier-pute, femme de ménage-pute, infirmière-pute, Marie-Antoinette-pute, pirate-pute, sorcière-pute, policier-pute, prisonnier-pute, pute-pute, et nous y sommes. J’ai choisi : marin-pute. Le même chapeau que Popeye et un seule et même bout de tissu pour faire haut et bas…soit. J’ai quand même eu la décence de rajouter des habits un peu en dessous un peu au dessus, pour être reléguée au rang de mousse-pute. Suffisant !
Ce soir là, j’ai donc dit à Quentin que je le retrouvais. Quentin, parisien, voisin, collègue, complice de chouille, de gueule de bois, de voyage en caddie et de bulle de savon, joie de revoir sa tête d’égyptien, descendant du grand rabbin d’Alexandrie, parait-il. Chez lui, d’autres têtes blondes bien connues de Sciences-Po, et des bons cds de « électro hamburger » mixée par son colloc, qui , soit dit en passant, aime beaucoup les chiens, et d’ailleurs il y a des chiens dessinés dans la salle de bain. Oui monsieur.
Je ne devais passer que pour l’apéro, mais je passerais finalement la soirée, faisant imbécilement l’impasse sur ce qu’il se passe alors dans l’appart de Marianne, mais ainsi va la vie. Je rigole bien, et puis il y a un pirate, un curé, un Beatles-tout-seul, Bonnie sans Clyde, Miss last minute, et j’en passe des plus vertes et des moins mûres.Toujours est-il que le plus drôle de l’histoire se situe sur le chemin du retour : déjà, au lieu de marche tout droit vers le métro, comme une jeune femme m’avait contraint à le faire, je suis aller manger une pizza avec trois inconnus très sympathiques.
Et puis j’ai eu envie de faire ma sieste, après tant de gras, (pas comme si le Mexique m’y avait mal habitué, mais le Mexique m’a aussi habituée à faire la sieste) alors j’ai pris un Taxi. En arrivant devant la porte, j’ai sorti le trousseau de clé que Marianne m’avait gentiment confié en étant très très claire : « tu tournes à vers la gauche, pas vers la droite » elle m’avait même fait essayer. Mais je ne sais pas, ce soir là, mon cerveau était déjà sous son sombrero en train de dormir, alors j’ai tourné à gauche. Et comme ca ne marchait (évidemment) pas, j’ai tourné plus fort et plus fort et encore plus fort. Popeye a du s’emparer de moi un instant car sans même que je ne me rende compte, CLACK, la clé était cassée en deux… un bout dans ma main, l’autre dans la serrure.
Oh, la boulette
Je suis donc restée plantée devant la porte, sans trop savoir quoi faire. J’ai commencé à regarder la liste des noms des habitants de l’immeuble sur l’interphone, en pensant que peut-être l’un d’entre eux aurait écrit à coté « vas y tu peux sonner chez moi a 4h du mat’, j’suis sympa »… mais non.
Enfin en tout cas, pas dans le début de la liste. Quand j’étais à peu près au milieu de la liste, un homme, la trentaine, costard, est arrivé.Je me morfonds en excuses malhabiles « I’m sorry but the key broke, and now it’s stuck and… ».
Il regarde.
Puis il tourney des talons en me lançant “I’m going to look for some tools ».
Des outils?
Mais? Il est 4h du mat, il y a rien dans la rue là ? Je reste la bouche ouverte et les bras ballants sur le pas de la porte, ahurie par la remarque du voisin et par ma propre condition, très inconfortable.
Mac Gyver reviens, évidemment sans outils, et dit « I couldn’t find any tools ». J’ai toujours la bouche ouverte et les bras ballants… Cet homme est-il saoul ou juste complètement allumé ?
Toujours est il qu’il s’est penché sur la serrure, que je venais de triturer avec une épingle a nourrice de la taille – atypique- d’un double décimètre, et avec sa main, hop, comme ça, nonchalamment, il a retiré le morceau de clé qui obstruait la serrure. Ma bouche se bée encore plus.
Il peut alors y mettre sa clé –intacte, quelle chance- et ouvrir, tout en me laissant passer. Je suis un peu plus habile avec la seconde porte, je rentre, personne n’est là, j’enfile mon sac de couchage orange comme la limace, et entame enfin ma sieste mexicaine avec un sourire d’enfant.
Le lendemain, je me suis réveillée, ce qui a soulagé Marianne qui a cru que j’étais morte dans le canapé du salon – qui s’était replié sur moi pendant mon sommeil (ou alors je ne l’avais pas déplié ?)
(J’ai toujours été très mauvaise pour déplier les clics-clacs. Et je déteste qu’on me dise « mais c’est simple…clic, puis clac...comme son nom l’indique ». Ouais. Bah moi je ne sais pas faire. C’est une incapacité physique, merde, un peu de tolérance ! Est-ce que vous avez déjà dit à un cul de jatte : « mais c’est simple, mets un pied devant l’autre »)

Bon. J’ai donc partagé un petit dej interminable avec Marianne – de toute façon il n’u a plus d’eau chaude, et avec le froid qu’il fait, on peut bien s’éterniser avec des Corn Flakes. Nous nous sommes raconté nos vies avec une simplicité à la fois étrange et exquise ; puis on s’est bougée dans le lower east-side, vers Soho, à la recherche de beaucoup de jolies choses. Par un miracle, Claire a réapparu dans la soirée, elle me raconte ses exploits en s’engouffrant une part de pizza, je déguste.
Le lendemain, un réveil en musique. Tiens ? C’est dehors. On comprend en sortant de l’immeuble, dans la rue adjacente, des gens courent tous en file, avec un numéro sur le dos. Ca n’est pas le salon de l’agriculture qui se produit en plein air, c’est le marathon de NY. On doit le contourner, on va prendre un brunch un peu plus loin avec Marianne, Claire, Mylène et un de ses amis.
Qu’on ne se demande pas après ce brunch pourquoi j’ai philosophé pendant 15h30 sur le retour à New-York. Parce que dans le mot « dépayser » on voit bien qu’on nous enlève d’un pays, mais il y a plusieurs niveau… et là nous sommes dans un établissement français en train de manger du fromage ! C’est dimanche, et le seigneur devait être de bonne humeur, je bâfre mon brie avec un appétit dé-brie-dé.
Mais Harlem nous manque déjà et nous y retournons pour la messe gospel de 15h. Après avoir traversé la ville dans le froid saisissant, nous nous retrouvons devant une église à la porte fermée. Le Seigneur n’était peut-être pas de si bonne humeur, et même pour l’asile politique de deux jeunes filles doublement jetées hors de chez elle, d’abord de la patrie des Droits de l’Homme, puis de la patrie des Gauches de l’Homme, perdues, congelées,…nous perdons espoir : nous rentrons dans un bar. Sans faire exprès, nous rentrons dans un bar génial, le Union Black je-ne-sais-quoi, où se joue un concert de jazz dans une ambiance tamisée qui nous réchauffe les oreilles et le cœur.
Les serveurs sont géniaux, l’un d’entre eux me parle de Lyon et de son amour pour la ville (dis donc, c’est bien la première fois depuis 5 mois que je parle autant de Lyon avec des étrangers), l’autre a le visage joyeux, son regard n’est qu’un gigantesque sourire. On rit, il fait des blagues, ho ho ho, tout ca. Et puis, « comme on vient du Mexique » il nous offre un shot du Téquila, qu’on est bien obligées de boire. « Mais il est 16h là… » « Et alors ? T’arrive du Mexique ou non ? » Il s’appelle Omer (comme dans les Simpsons mais sans le H) et il est Israelien, et si vous voulez son numéro je dois pouvoir le retrouver derrière la carte du bar qu’il m’a glissée innocemment sur le comptoir avec un clin d’œil.
Bref. Petit aparté très sympa, mais on a quand même fini par s’en aller, ré affronter le froid avec un peu d’alcool dans le sang, qui ne connait pas cette technique ancestrale ? (eh bien les Mexicains pardi ! Qui n’affrontent pas le froid, mais qui, plutôt, vous font l’affront d’être tout le temps chauds). (Léo c’était médiocre ca).
Nous nous sommes baladées selon les vœux de mon père, Al, qui m’avait envoyé un petit mail « ma puce, il faut que tu ailles sur Staten Island à la tombée du jour, et que tu reviennes tout de
suite après vers Manhattan. Tu vivras alors l’émotion qu’ont vécu les premiers migrants aux Etats-Unis ».
J’ai apprécie l’envolée lyrique de Al… mais si je peux me permettre de lever le doit timidement, Papa…tu pensais à quoi ? Penses tu vraiment que les premiers migrants avaient devant eux les plus grands buildings du monde, illuminés et illuminant la ville entière ? Non. Bon. Mais l’émotion y était, le froid aidant, la nuit tombant, et tout le tsointsoin. Et j’ai obéit à Papa. Alors j’étais fière de moi à distance et par procuration.
Nous avons ensuite fait un saut pour récupérer nos affaires et filé chez Chris, une amie de Claire de Paris qui bosse ici à NY et qui était ok pour nous héberger le reste de notre voyage. On arrive devant le 45, Orchard Street, et je scrute l’interphone selon les indications de Claire. Sortent une jeune fille et un guitariste, elle nous indique le chemin, puis réalise que je suis peut-être son hôte, voit Claire, réalise pour de bon, et nous laisse monter en avant, elle raccompagne son pote. On toque à la porte du 7e étage gauche, avec nos valises et notre style de manouche en temps de grands froid… 5 mecs sont dans un salon en train de jouer à la playstation « on est des amies de Chris ». Ils nous laissent rentrer, pas passer devant la TV, faudrait pas déconner, mais en tout cas c’est un appart qui à l’air canon, et tout le monde commence déjà à nous chambrer : on risque de se marrer.
On fait le tour du propriétaire, c’est un appart canon, il y a même des murs en brique rouge et un poster de Chirac, 5 collocs, à la base, mais au final 12 habitants, ils recoivent beaucoup ces temps ci, et puis à l’étage, il y a une graaande terrasse, c’est ouf !
Pas le temps de dire ouf que nous sommes prises en charge, discutons et blablassons, nous retrouvons à une grande table dans un restaurant Argentin (qui à l’incroyable toupet de mettre à son menu du jour « RECESSION MENU »). Dîner très sympa, marrant et plein de rencontres… notre entourage nous change de notre ambiance « étudiant dégueulasse au Mexique », et c’est assez grisant.
La semaine s’est rythmée de soirées complètement folles, de brunch réparateurs et de visites éprouvantes… les musées, les rencontres incongrues, beucoup de discussions avec Claire, et les fous rires. On a bien exploité le Lower East Side, on a été faire nos idiotes à la patinoire, commencé en s’accrochant aux rembardes, puis l’un à l’autre, puis toute seule et à deux à l’heure, et enfin, les cheveux au vents, zouh, vas y que je dépasse tout le monde, et hop, vas y qu’on se mette à discuter en même temps, et VLAAAN vas-y que léo se pète la gueule en avant, boum sur les fesses, trempée, éclatée de rire, mais blessée, et derrière moi « Oh non, pas toi ! toi tu es tombée, non, non, pas toi pas toi ». Je fais un grand sourire (Et ta sœur elle est tombée ou pas ? Personne n’est parfait. Ou plutôt, personne n’est parfait depuis que je me suis vautrée sur mes patins. Une chance qu’on ne m’ait pas roulé sur les mains en coupant mes doigts, je serais alors incapable d’écrire un nombre pharamineux de conneries ici-même (j’aurais dis « ici bas » si je me prenais vraiment pour une divinité, nous donc avons évité le pire) (Pardon).
Soyons bref et professionnel : c’était comment NY ? C’était génial. Voila, point barre, à la ligne.
Oui, je reviendrais, mais quand je serais riche.
Petite anecdote, tout de même : nous avons fais une pause chez une voyante, qui nous à lu les lignes de la main, et également notre « psychisme » (c’est celaaaa oui).
Pour Claire ca a donné, en deux mots et trois mouvements : Une carrière étonnante, de l’argent, que du positif, un mariage, 2 enfants, une petite fatigue passagère (tiens c’est marrant elle voit aussi les cernes cette dame), et quant à la recherche interminable de l’homme idéal, et bien il arrivera au printemps ! Et son nom commencera par un J … (comme Jim, Jack, John…enfin tous les anglosaxons en sommes… ou bien Janot, Jacob, Jordy, Jean-René, José ou Joël) Et j’oubliais : elle s’installera à NY.

Quant à moi… je suis également fatiguée (qu’est ce que j’ai fais de mon anti-cerne ?), j’étais triste il y a 6 mois (juillet, le début de l’exil, pourquoi « triste » ?), et je vais avoir une nouvelle incroyable dans deux semaines, par mail ou téléphone.
L’ironie du sort a voulu que les deux semaines se soient écoulées jeudi dernier, et que ce jour là je me soit fait voler mon téléphone portable (non qu’il fut très sexy, mais il était dans ma veste en cuir qui l’était assez). Donc voilà. Je ne saurais jamais. (Moi qui pensais que les parents m’appelleraient pour m’annoncer la mort du chien, ca sera pour plus tard). Dans les jours et mois à venir, l’argent sera là, mais aura l’insolence « de ne pas se multiplier ». Dommage
Elle me conseille de laisser la politique et de préferer quelque chose de plus universitaire, d’écrire des livres.
Je voyagerais tout le reste de ma vie, et j’aurais 3 enfants merveilleux et aimants.Quant à l’homme de ma vie (tout le monde retient son souffle)… et bien… (ca me fait mal de le dire), il sera « latin ». Je souris. Enfin, je ne réagis pas. C’est bien latin, non ?
Mais non, elle veut dire « mexicain », ou autre « d’amérique latine ». Je la regarde du genre : « change tout de suite d’avis tu veux ou je ne paye pas la consult’ », mais non, elle ne change pas d’avis… un mexicain ? Mais ! J’ai promis à Grand-Père que je ne ramènerais pas un mexicain ! Et j’ai signé !
J’ai un visa à condition de ne pas avoir d’activité rémunérée ou de me marier à un Mexicain (ce qui est un peu la même chose) J’AI SIGNE !Bon. Et bien ca sera un latin… (Après tout pourquoi pas, Gabriel Garcia Bernal est bien mexicain et je veux bien qu’il soit l’homme de ma vie… quoique à la réflexion, je lui prends quand même 5cm à Gab…) D’autant que son nom devrait commencer par un M ou un R. (Miguel, Marcelo, Mauricio, Raul, René, Ramon, …)

Finalement on dit bien que « l’herbe est toujours plus verte chez les voisins ».

De toute façon, elle a dit que je rencontrerais l’amour cet hiver, ce qui tombe un peu en contradiction, puisque cet hiver sera français ou ne sera pas. (ah ? Romain, Raoul, René, Roger, Robert… ou Maxime ? MAXIMILIEN ! Oui ! Le pote de Napoléon ! Voilà l’homme qu’il me faut,
Maximilien 1er du Mexique ! …)

Quel bel homme.


Quoique je passe aussi par le Pérou, et je pourrais m’éprendre d’un coup de foudre pour un péruvien (qui sont très beaux dans les films) recouvert de poils de Lama et de plusieurs bonnets.Finalement, il aura intérêt à être coriace car je vivrais vieille, (mes rêves d’ado de finir comme Jim Morrison dans sa baignoire se fanent), et je n’ai donc pas fini de vous casser les pieds.

Sur ces belles paroles, même si Jules Renard à dit que les absents ont toujours tort de revenir, alors je lui ré-tort-que que non seulement je suis retournée au Mexique, mais qu’en plus je reviendrais en France, et que l’herbe nous parait toujours plus verte chez les voisins, jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’est du gazon en plastique.

En revenant ici j’aime autant que je peux mes après-midis au soleil, mes voyages, les rues pavées très très mal, l'accueil et l'humour des mexicains, les bâtiments tordus, les volcans au loin, enneigés, l’absurde, les karaokés et le gras des tacos. Il faut se dire plus souvent que dans le mot « découvrir » on peut aussi inclure « dévoiler quelque chose uqi a toujours été là, mais que l’habitude cachait à nos regards » (Arthur Koestler)

(Promis quand j’aurais des choses à dire je cesserais de citer des inconnus plus connus que moi.)
Maximilien, mon amour, MAMOUR, Maman, et tous les autres, je vous embrasse fort ; il faut que je consacre le reste de mon temps à visiter le Mexique, la semaine dernière les superbes villes de Queretaro, San Miguel de Allende et Guanajuato (classée au patrimoine de l’unesco), demain Taxco, bientôt Malinalco, puis ce sera le Pérou et ses lamas.

Chaaaat.
« Il n’y a rien de définitif en nous, et qu’il est vain et futile d’essayer de rechercher qui on est : on ne découvrira jamais qui on est, ce qu’il faut c’est découvrir où on veut aller, ce qui est beaucoup plus intéressant » Théodore Zeldin.

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