jeudi 12 février 2009

Petit traité d'urbanisme : EN VOITURE SIMONE!

Je me promène beaucoup en transport en commun ces temps-ci. Il y a:

- le métro - un vrai four mais un four efficace et plutôt rapide. 2 pesos le ticket, des lignes dans tous les sens, et surtout DU SPECTACLE!
Il se vend de tout dans le métro, entre 5 et 15 pesos généralement: Des cartes de la ville, des coupes ongles, des lamps frontales, des mouchoirs, des piles, des limes à ongles, des stylos de couleur, ... si vous regardez bien, en fait que des petites choses dont on a besoin (surtout la lampe frontale) au quotidien.
La plupart des vendeurs vendent en réalité des CD. Surtout des CD de musique gravés. Ils rentrent alors dans la rame de métro avec leur lecteur de CD et des enceinte dans leur sac à dos, et ils vous mettent un medley des 50 titres "les plus rocknroll" ou"les plus romantiques" "les plus mariachis" "les plus relaxants" ou autre adjectif alléchant...Le prix: 10 pesos. Si j'en ai déja acheté? Bien sûr. Toute ma musique vient du métro!
Il y a ceux qui vendent des CD avec différents buts: instruire vos enfants en chanson, leur faire apprendre leurs tables de multiplication, etc etc.. Si je l'ai? Non. Mais mes parents auraient bien fait d'investir là-dedans dès mon plus jeune age, parce que même maintenant, assise dans le métro, je peux pas chanter en coeur avec le CD à partir de la table de 4. (VDM).
Et puis après il y a les... comment dire? les Artistes. Avec un grAnd A. Ceux qui donnent de leur personne. Ceux qui viennent vous chanter leur chanson préférée, faire du théâtre, se rebeller contre l'Etat, faire de la guitare, et il y a même (je ne l'ai pas encore vu hélas) des gens torses nus qui débarquent dans la trame, ouvrent un grand drap avec plein de tessons de bouteilles et bouts de verres dessus, s'y allongent, s'ouvrent le corps en entier et pissent le sang, vous demandent une petite contribution et s'en vont (à l'hopital, je suppose).

Enfin, dans le métro, une innovation proposée (et imposée) par le gouvernement: LES RAMES DE FEMME. Evidemment pas des vraies rames pour ramer (parce qu'on a arrêté - au moins officiellement et au moins pour le moment- d'esclavager les femmes , et que d'ailleurs, même si on continuait à le faire, je doute de la moindre utilité de ramer à bord d'un métro... Et encore plus de l'utilité de le faire faire à des femmes). BREF.
Je descends un jour sur le quai et me rends compte alors qu'il est divisé en deux partie (deux tiers un tiers, le tiers en question étant le sujet de mon anecdote: le tiers reservé aux femmes, il faudrait pas non plus imposer la parité TROP rapidement dans ce pays!!). Ce jour là je me rends aussi compte que je suis du coté des hommes, à étudier le plan de métro sans prêter beaucoup d'attention au machisme environnant. Et puis je lève le nez, et me décide alors à experimenter ma veritable condition de femme derrière cette barrière fièrement gardée par un policier. La barrière affiche: "SOLO DAMAS Y NINOS''. Parfait, je peux profiter de ma double discrimination positive, en tant que femme-enfant assumée. J'y vais!


HAHA! le piège! A proximité de la barrière s'agglutinent tous les hommes, la gueule ouverte. Je parviens tout de même à me faufiler à travers la barrière de corail, laissant derrière moi les dents aiguisés des requins affamés. Et puis je regarde... mmh. Devant moi, un, deux, puis trois garçons en vue. Je ne les denonce pas au garde, evidemment, car une petite voix de grand-mère de 90 ans me sussurre à l'oreille "Oh, ma jolie, les garçons sont tous de grands enfants tu sais".
Et puis de toute façon, le métro arrive... Le combat prend définitivement fin dans cette ségrégation positive, puisque quoiqu'il en soit, les wagons sont mixtes.
ET TANT MIEUX! Comment les gens se rouleraient-il des pelles sinon? N'oublions pas que c'est, avec la lucha libre, le sport national du pays. Pourvu qu'on sauvegarde la culture mexicaine, nom d'une pipe.
Et comme si le hasard voulait - et même si le hasard n'est pas sensé vouloir- que je finisse mon expérience sur une pointe d'ironie, je me suis retrouvée en face d'une drôle de pub : Avec pour seule inscription : SEXO 25/II - 2/III Palacio de los Deportes. Et une image évocatrice de deux personnes de sexes opposés l'une en face de l'autre.

Palacio de los deportes... Palais des sports... Quand je vous dis qu'on rigole pas ici, avec les sports nationaux...!

- le metrobus -à savoir un bus rouge à trajectoire fixe qui longe généralement les grandes avenues. Il est efficace, même si on se tape tous les feux rouges, on ne souffre généralement pas du traffic puisque la ligne lui est reservée. Il y fait 50 degrés en revanche, et il coûte 5pesos avec une carte spéciale (oui c'est beaucoup! c'est bien... mh...27 cents)
Le hic c'est qu'on peut très facilement mourir - comme j'ai faillis le faire- en se penchant sous les porches de passages pour voir si le bus arrive... quand il arrive vraiment à fond la caisse! Un conseil : laissez vos voisins de quai se pencher à votre place.

- le tren ligero (pas facile à pronnoncer pour les novices) qui à tout du tramway. 2 pesos. Comme le guichetier est très souvent en pause déjeuner, environ de 12h à 16h30, puis qu'il arrête de travailler vers 17h30, et bien vous pouvez aussi donner 2 pesos à un policier qui filtre les passages... Et pas question qu'il vous rende la monnaie si vous n'avez qu'une pièce de 10. Ca lui paiera son tacos du retour! En soit c'est quand même propre et pas mal ce tram.
Un jour, j'y ai vu une affiche assez surprenante: "Compren me por dos tacos" (Achetez moi contre deux tacos). J'ai trouvé l'offre interessante... mais à y réflechir, deux tacos sont deux tacos, bien de quoi vous tenir "sans la faim" pendant plusieurs jours. Ca ne s'échange pas deux tacos.J'ai donc tracé ma route.

- le pésero - un bus tape cul peint de blanc et vert, le prix varie selon la distance entre 3 et 5 pesos. Un vrai délice! Il y fait chaud, on s'y touche et on s'y bouscule... mais on peut parfois s'asseoir, comme ça, avec les genoux collés au menton, et regarder les amas de voiture de haut. On n'échappe pas au traffic, et surtout il faut être plutôt connaisseur: les arrêts sont rarement indiqués, encoire moins annoncés, tout au plus il y a-t-il une pancarte sur le pare brise des bus avec le terminus et quelques points de sa trajectoire.

C'est pourtant ce que je préfère: il y a toujours des trucs collés à l'avant du bus, et je regrette à chaque fois de ne pas y monter avec mon appareil photo: on va du portrait de la Virgen de Guadalupe, au crucifix, en passant par les dessins d'enfants, les stickers de Walt Disney, les pendants de sapin-qui-puent- les peluches qui se balancent, les produits dérivés des équipes de foot, jusqu'aux symboles rocknrolleux et anarchistes, et bien entendu les poster de femmes à poil. Parfois on ne passe pas par le sticker walt disney entre la Virgen de Guadalupe et les affiches de femmes à poils (cela dit, la Vierge est rarement représentée en femme à poil, et INVERSEMENT).
Et puis il faut dire que la radio qui passe généralement dans les peséro me comble encore plus: la majorité des Mexicains chilangos (ceux qui habitent le D.F - distrito federal) écoutent du BON VIEUX ROCK'N'ROLL. On peut être sûr de taper du pied sur du Queen, Supertramps et Michael Jackson, mais aussi du vrai de vrai comme les Doors, Led Zep, Pink Floyd et autres génies décédés de la musique.

-Viens enfin le Taxi. Il n'y a pas une seule rue à mexico où il n'y ai pas de taxis... ils sont des millions, ils sont pas chers (prix de départ à 38 cents €) sympathiques... Et de niveaux différents: il ya les plus "sûrs" qui sont les Taxis de Sitios (à l'arrêt) ou des Taxis Seguros à appeler par téléphone, dont la course est plus chère. Après il y a une autre distinction que l'on peut faire dans la rue, entre les Taxis du D.F (avec licence) et les taxis clandestins (néanmoins acceptés mais pas licenciés), qui sont dit être les moins sûrs. On choppe rapidement le coup d'oeil, à coup de plaques d'immatriculation différents.
Mais ils sont tellements beaux, ces taxis, surtout les petites coccinelles. Ils se débarassent de leur siège de devant, il ne reste que la banquette arrière, et quand on rentre ils referment la porte avec une grande ficelle accrochée à la poignée, du grand art!
Le bonheur du taxi, c'est souvent, quand on est coincé dans le traffic, de palabrer avec le chauffeur. On nous à dit de ne pas trop le faire, ca pourrait être dangereux, mais il me semble que tant que je ne transmets pas l'identité de ma famille sur 5 générations, le compte en banque de père, mère, et maris (comment ça je ne suis pas mariée? et comment ça 'maris' ne prends pas de "s"?), la photo de ma soeur et la cachette de mon argent dans la doublure de mon sac ; je devrais me garder de tout danger trop flagrant. Moi, madame, je discute des "chôôôses de la vie". Et je tombe souvent sur des perles d'interlocuteurs!
Il y a quelques mois, j'ai eu une conversation incroyable avec un petit vieux nostalgique.
"Ah vous êtes française mademoiselle?
Ah, donc vous mettez du parfum? Oui?
Est-ce que vous mettez CHANEL N°5, puisque vous êtes de PARIS, c'est ce que tout le monde met à Paris, vous savez!
Je l'ai vu à la télé. J'ai vu un reportage sur Paris. quelle ville magnifique!
Et puis vous, vous buvez du champagne! Ca coute combien du Champagne? Dites moi les marques de champagne les plus chères, les plus luxueuses?
Ah oui, oui, je crois que je connais...
Vous savez moi j'aime beaucoup le luxe. Par exemple:
Vous savez, un jour, j'avais une fiancée. Et j'avais voulu être romantique. Alors, vous voyez, je l'avais invitée chez moi, et j'avais tout rangé. J'avais mis sur la table une nape blanche, comme dans les grands restaurants, et puis j'ai laissé que deux chaises! J'avais acheté du champagne pour être romantique... Et je l'aimais beaucoup! J'avais aussi mis quelques cacahuètes et des petites choses salées, vous savez, pour manger...
Moi je suis un romantique... mais de nos jours, les filles n'aiment plus ça... les fleurs, les lettres d'amour, elles s'en fichent les filles.
Elles aiment quoi?
Eh bien... elles aiment les ipod, tout ça...
Elles veulent même plus danser les filles! Et les jeunes, quand je les vois, ils ne dansent même plus! Ils dansent des drôles de trucs, là, et ils se mettent des patates... Ils sont même pas bien habillés! Moi j'aime danser sur les musiques romantiques... Et puis bon, j'ai plus de fiancée.
Et en France, elles sont comment les filles? Elles aiment les choses romantiques? Il parait que les françaises elles n'aiment rien, qu'elles veulent tout avoir toute seule, sans rien qu'on leur offre. Il parait qu'elles s'en fichent des hommes galants. Mais moi je me demande... elles aiment qu'on leur offre des fleurs? qu'on tire leur chaise au restaurant? qu'on leur écrive des lettres d'amour? Qu'on s'habille bien avec un beau costume pour leur dire des poèmes...? "

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